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 Cette nuit, j'ai fait un cauchemar...

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Piping
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Piping


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MessageSujet: Cette nuit, j'ai fait un cauchemar...   Cette nuit, j'ai fait un cauchemar... Icon_minitimeLun 25 Nov 2013 - 13:34


Quelque chose me tirait vers le bas. Une main, un bras dont l'extrémité se noyait dans la pénombre. Je sentais les ongles crochus s'accrocher à ma nuque, les doigts longs et humides se refermer sur ma peau glacée et le souffle fétide au creux de mon oreille. La pression imposée sur mon cou m’empêchait de tourner la tête. Seule restait la sensation traumatisante de tomber, de sombrer dans un abysse dont je ne connaissais pas la profondeur. Mon corps refusait de combattre l’adversaire invisible, comme figé par ce contact morbide sur ma nuque. Peu à peu, le froid me gagnait et mon esprit perdait sa lucidité, submergé par les ténèbres.

Je ne saurais dire s’il s’écoula une poignée de secondes, de minutes ou des heures avant que n’apparaisse devant moi le premier visage. Mais cette simple vision suffit à faire monter la bile le long de ma gorge. Je le reconnus sans peine, malgré les orbites vides, les vers qui dévoraient la peau de ses joues, les dents noires, la peau distendue et nécrosée. C’était une vision d’horreur, un fantôme d’un passé désormais révolu. J’eus beau essayer de fermer les yeux, rien n’y fit, le sceptre flottait dans le néant devant moi et la vision ne s’estompa que pour en dévoiler une seconde toute aussi effrayante.

Soudain, je sentis la prise sur ma nuque se desserrer et mon corps répondit de nouveau à mes semonces. Mes jambes s’agitèrent, mes bras aussi, ma tête oscilla de droite et de gauche mais rien n’y faisait, je continuais de tomber, sans cesse.

Bientôt, ce ne fut plus un sceptre mais deux, trois, dix, cent qui entamèrent une danse macabre autour de mon corps de pantin agité de sursauts pathétiques. Je voulais hurler, crier qu’ils me laissent en paix, que la chute se termine, mais pas un son ne sortit de ma bouche. J’aurais préféré m’écraser sur des rochers acérés, mourir broyée en mille morceaux dans des souffrances atroces plutôt que d’endurer plus longtemps la vision horrible de tous ces visages, autrefois aimés et aujourd'hui réduits à l’état de cadavres ambulants.
Les larmes se mirent à couler sur mon visage en flots ininterrompus. Mon corps, si ridiculement petit à côté des sceptres, n’étaient plus agités que de sanglots. De longs et douloureux sanglots qui finirent par m’arracher mes premiers cris. Des cris stridents puis rauques, puis stridents, mais toujours plaintifs, les cris d’une mourante. Je sentais le goût salé de mes larmes, ou du sang, dans ma bouche et cela accroissait encore mon envie de vomir. Je suffoquais, j’avais l’impression de me noyer dans mes propres larmes, de ne plus trouver d’air pour respirer, et toujours cette sensation, la sensation de tomber, encore et encore, vers où, vers quoi, pourquoi, je ne savais pas…

Un sceptre, brusquement, s’avança vers moi. Il paraissait impassible parmi les autres, car tous, sauf lui, s’étaient soudainement mis à se tordre de douleur comme rongés par un mal sournois et silencieux qui dévorait leurs entrailles déjà bien entamées. Le sceptre pointa son doigt réduit à quelques lambeaux de chairs pendants autour d’un os gris, sur moi. Ses orbites vides me fixaient sans relâche, et il s’approcha encore davantage, jusqu'à ce que je sente son souffle nauséabond sur ma joue.
Lorsque ses doigts se posèrent sur mon menton, soulevant mon visage comme pour mieux le voir, le reste de mon corps se figea, mes larmes cessèrent de couler et je n’eus plus peur. Car je savais que ce sceptre ne me voulait aucun mal. Son index effleura l’os de ma mâchoire, puis ses bras se refermèrent doucement sur moi et me pressèrent contre lui. Le dégoût que m’inspirait jusqu'alors son apparence disparût et je le laissai faire. Une douce chaleur se répandit dans mon corps et la sensation de chute s’évapora. Il murmura quelques paroles incompréhensibles et un sourire paisible se dessina sur mes lèvres.




Mes paupières s'ouvrirent sur une belle matinée d'hiver. Le sourire n'avait pas quitté mes lèvres mais je sentais encore les sillons humides sur mes joues. Doucement, je me redressai dans mon lit. Par la fenêtre de ma chambre, j'apercevais les terres d'Alidhan. L'herbe était blanchie par le givre et pas un souffle d'air ne venait troubler le calme et le silence.
Je quittai la chaleur de mon lit pour m'accouder à la fenêtre. Le froid vint rougir mes joues, et mon sourire s'élargit un peu plus. Cette nuit, j'avais fait un cauchemar... mais en était-ce vraiment un?
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Cette nuit, j'ai fait un cauchemar...
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